Unité 5
Art et mémoire

Chapitre 2
David Olère : dessin et peinture

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Art et mémoire

Chapitre 2
David Olère : dessin et peinture

Outils éducatifs

Demandez-vous :

  • Que peuvent nous enseigner les croquis au crayon et les tableaux en couleur de M. Olère au sujet du quotidien dans les camps de concentration durant la période de l’Holocauste? David Olère offre un témoignage sans compromis sur les atrocités commises durant l’Holocauste.
  • De quelle façon ses croquis et ses dessins insoutenables instillent-ils en nous toute l’inhumanité des fours crématoires?

M. Olère nous livre son témoignage en tant que seul témoin présent dans ses tableaux et croquis effrayants. Un livre publié récemment, Witness: Images of Auschwitz, combine le travail artistique de David Olère à des textes écrits par son fils, Alexandre Oler. La production artistique de David Olère constitue l’une des meilleures et des plus importantes représentations de l’horreur de l’Holocauste.

L’art en tant que témoignage

Crédit : David Olère

David Olère offre un témoignage sans compromis sur les atrocités commises durant l’Holocauste. Ses croquis et ses dessins insoutenables instillent en nous toute l’inhumanité des fours crématoires. M. Olère nous livre son témoignage en tant que seul témoin présent dans ses tableaux et croquis effrayants. Vous et moi, à titre de témoins contemporains, sommes face à nous-mêmes et aux autres lorsque nous ressentons la douleur du poids de l’histoire. Pour obtenir de plus amples renseignements sur David Olère, consultez le livre L’Œil du témoin, publié par la Fondation Beate Klarsfeld à Paris en 1989, qui contient un résumé de trois pages sur la vie de David Olère et une centaine de pages consacrées à son travail artistique. Tous les textes sont en français et en anglais. Les croquis au crayon et les tableaux en couleur de M. Olère nous montrent le quotidien dans les camps de concentration durant la période de l’Holocauste. Ils montrent également certains soldats nazis et les plans des fours crématoires. Un livre plus récent, Witness: Images of Auschwitz, combine le travail artistique de David Olère à des textes écrits par son fils, Alexandre Oler. La production artistique de David Olère constitue l’une des meilleures et des plus importantes représentations de l’horreur de l’Holocauste.

Artéfacts

Artéfact 1 › Destruction du peuple juif / Destruction of the Jewish People

1946, 29x20 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

1946, 29×20 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

Source : David Olère Drawings & Paintings

Le feu consume la Torah, des phylactères et un tallit, ainsi que différents objets religieux liés au christianisme.

Artéfact 2 › David Olère enfouissant des restes d’enfants / David Olère Burying the Remains of Children

32x40 cm, Olère Family.

32×40 cm, Olère Family.

Source : David Olère Drawings & Paintings

La première affectation de M. Olère à Auschwitz a été le poste de fossoyeur du bunker 2. Son matricule de prisonnier, 106144, est visible sur sa chemise et sous forme de tatouage sur son bras gauche. Ce matricule apparaît dans plusieurs œuvres de M. Olère et fait parfois partie de la signature.

Artifact 3 › Leurs derniers pas / Their Last Steps

1946, 73x54 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

1946, 73×54 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

Source : David Olère Drawings & Paintings

Trois musulmans (Muselmänner) se soutiennent mutuellement en titubant vers la chambre à gaz. Musulman était le terme du camp pour désigner les personnes dont l’épuisement physique et mental en faisait des candidats pour la « sélection ».

Artifact 4 › Mon premier dialogue / My First Dialogue

1949, 36x38 cm, Olère Family.

1949, 36×38 cm, Olère Family.

Source : David Olère Drawings & Paintings

Sous-titre : « Eux aussi ils sont responsables de cette guerre? » « Oui, c’est ça la guerre. »

Artifact 5 › La salle des fours / The Oven Room

1945, 58x38 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

1945, 58×38 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

Source : David Olère Drawings & Paintings

Un monte-charge en arrière-plan apportait les corps des chambres à gaz du sous-sol au four crématoire III de Birkenau. La rampe humide sur la droite facilitait le transport des corps vers les fours.

Artifact 6 › Sélection pour le gaz / Selection for Gas Chambers

1947, 41x51 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

1947, 41×51 cm, Ghetto Fighters House, Israel.

Source : David Olère Drawings & Paintings

Crédits : David Olère: L’Oeil du Témoin/The Eyes of a Witness. New York: The Beate Klarsfeld Foundation, 1989 David Olère Drawings & Paintings

ACTION 1

Faire

Lire l’image

Choisissez une ou deux œuvres de David Olère. Cherchez des photos sur le site Web qui, selon vous, ressemblent à ces œuvres. Répondez aux questions suivantes au sujet des photos et des œuvres :

  • Laquelle a le plus d’impact?
  • Quelle est la nature de cet impact? Pourquoi?
  • Selon vous, quelle est la différence entre le point de vue du photographe et celui de David Olère?
  • Est-ce que les deux représentations ont le même thème?
  • Dans quelle mesure chaque artiste réussit-il à représenter le thème?
  • Quel est le point central de chacune?
  • Quels types de détails nous permettent de mieux comprendre/apprécier ce que le photographe et l’artiste essaient de transmettre?
  • Quelles sont les ressemblances et les différences entre la photo et l’œuvre?

ACTION 2

Faire

Choisir un sous-titre

À partir des lectures faites en classe (Primo Levi, Elie Wiesel et les autres journaux intimes et mémoires), trouvez des citations que vous pourriez utiliser en tant que sous-titres aux œuvres de M. Olère.

ACTION 3

Faire

Concentrer mon attention

Masquez des parties des œuvres. Sur quels détails souhaitez-vous vous concentrer et pourquoi? En quoi le fait de vous concentrer sur des détails change-t-il votre perception de l’œuvre dans son ensemble?

ACTION 4

Faire

Comparer la profondeur

Comparer le premier plan, le deuxième plan et l’arrière-plan d’une œuvre. Quels types de séquençage et de transition David Olère a-t-il utilisés? Que voulait-il affirmer en utilisant un tel positionnement?

ACTION 5

Faire

David Olère

Regardez les œuvres de David Olère dans la galerie et répondez aux questions suivantes.

A. Examinez le dessin « Leurs derniers pas ».

  1. Quel bâtiment sinistre domine le paysage?
  2. Est-ce que la forme de ce bâtiment vous rappelle un symbole que vous ne vous attendriez pas à voir dans le tableau d’un artiste juif? Quel est ce symbole? Pouvez-vous trouver d’autres exemples d’artistes du 20e siècle ayant utilisé ce symbole pour représenter les souffrances du peuple juif?
  3. Quels adjectifs pouvez-vous utiliser pour décrire la condition physique de ces hommes?
  4. Comment l’artiste suggère-t-il leur loyauté les uns envers les autres?

B. Dans « Admission à Mauthausen », on constate un fort contraste dans la façon dont David Olère a représenté les prisonniers et leurs geôliers.

  1. Nommez des façons dont ce tableau particulier accentue ce contraste. Examinez la façon dont les personnages sont regroupés. Examinez la posture des hommes.
  2. Est-ce que vos sentiments changent si l’on vous apprend qu’il s’agit d’un appel de noms en plein hiver?

C. Examinez le tableau « David Olère enfouissant des restes d’enfants ». L’un des travaux les plus difficiles attribués à David Olère à Auschwitz a sans doute été d’enterrer des enfants assassinés.

  1. Comparez la silhouette de David Olère en avant-plan et celle du garde SS en arrière-plan. Selon vous, comment chacun des deux hommes se sent-il à propos du travail qui lui a été attribué?
  2. L’artiste a placé le Nazi au centre du tableau, mais c’est son auto-portrait qui retient l’attention. C’est peut-être à cause du geste qu’il fait de la main gauche. Quels types d’émotions une main tendue véhicule-t-elle?
  3. Remarquez la main qui repose sur le sol à côté de la pelle. Bien entendu, il s’agit d’un détail réaliste, mais qui peut également être vu comme un symbole. Comme la main de David Olère, elle est tendue; elle pointe vers le haut, même dans la mort. À quoi pensez-vous en regardant cette main inanimée?

D. Dans la gravure sur bois « Destruction du peuple juif », David Olère nous présente une image littérale de destruction par le feu qui donne tout son sens au terme « Holocauste ».

  1. Faites une distinction entre les deux types de feux illustrés.
  2. Quels sont les différents objets qui se consument en avant-plan?
  • The Complete Maus: A Survivor’s Tale. CD-ROM Mac/Win. Une excellente ressource pour les cours d’arts du secondaire. Un véritable trésor de documents contextuels pour une étude DBAE des illustrations d’Art Spiegelman.
  • Degenerate Art. PBS Home Video, 1993. Vidéo, 60 minutes. « Degenerate Art » examine le contexte historique de la tristement célèbre exposition Entartete Kunst (art dégénéré) organisée par les Nazis en 1937 à Munich, ainsi que les répercussions profondes de la diffamation par les Nazis de l’Avant-garde en Allemagne. Le film comprend des images d’archives des autodafés des Nazis, des images d’installation de l’exposition Entartete Kunst, et des entrevues avec des historiens, des critiques d’art, des membres de la famille de plusieurs artistes discrédités et des témoins oculaires de l’exposition de 1937 qui donnent un caractère poignant et un sentiment d’actualité à cette histoire puissante de l’attaque des Nazis envers la culture moderne.
  • Les Dieux du stade.  Film en deux parties sur les Jeux olympiques de Berlin de 1936 réalisé par Leni Riefenstahl. Première partie : La Fête des peuples comprend les cérémonies et les événements olympiques.  Deuxième partie : La Fête de la beauté présente la grâce et la beauté des athlètes en mouvement.
  • Le Triomphe de la volonté.  Un film de propagande puissant de Leni Riefenstahl.

Ressources

Six millions, ça ressemble à quoi?

En 1998, un groupe d’élèves de huitième année de Whitwell, au Tennessee, a entrepris de recueillir six millions de trombones. L’objectif du projet était d’aider les jeunes de cette petite ville rurale à comprendre ce que signifie le terme « diversité ». En examinant ce qui est arrivé au peuple juif, les éducateurs souhaitaient démontrer aux élèves jusqu’où l’intolérance peut mener. Le Mémorial de l’Holocauste créé par les élèves en majorité blancs et protestants, est un wagon allemand de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale, soudé à un petit bout de rail de chemin de fer devant l’établissement Whitwell Middle School. On y présente des millions de trombones, chacun honorant une victime assassinée par les Nazis. Le projet est célébré dans un documentaire intitulé Six Million Paper ClipsThe Making of a Children’s Holocaust Memorial.

En 2014, un livre de 1 250 pages a été publié; ce livre contient un seul mot. Dans le livre : And Every Single One Was Someone, le mot « Juif » apparaît en petites lettres, six millions de fois. L’auteur, Phil Chernofsky, un ancien enseignant, affirme : « C’est comme ça que les Nazis voyaient leurs victimes, ce ne sont pas des gens, c’est seulement une masse que nous devons exterminer  ». La disposition des mots, côte à côte, ligne après ligne, nous aide à comprendre l’humanité, les ressemblances et la diversité de chaque Juif assassiné. Il suffit de pointer l’un de ces mots, pour se demander : Qui était cette personne? Où a-t-elle vécu et travaillé? Qui cette personne aimait-elle?

Bien qu’aucun nom ne figure dans le livre de M. Chernofsky, des efforts ont été faits pour découvrir et documenter les noms des victimes. Comme le souligne un article du New York Times au sujet du livre, le Mémorial et Musée de l’Holocauste Yad Vashem de Jérusalem, a recueilli (à ce jour) les noms de 4,3 millions de victimes juives. Ces personnes sont honorées dans un livre commémoratif intitulé le « Livre des noms » qui se trouve à Auschwitz-Birkenau.

Les objets commémoratifs comme le Livre des noms, Six Million Paper Clips et And Every Single One was Someone, servent d’exemples qui donnent une perspective réaliste au nombre incroyable de personnes mortes pendant l’Holocauste.

Source New York Times

ACTION 6

Penser

Examen de la littérature juive

  • Certaines personnes considèrent que le livre de M. Chernofsky n’est qu’un coup de publicité. Selon vous, est-ce qu’un livre de 1 250 pages contenant uniquement le mot Juif peut servir à honorer les victimes de l’Holocauste?
  • Si vous aviez un exemplaire de And Every Single One Was Someone devant vous, quelle serait votre réaction? À quoi penseriez-vous? Comment vous représenteriez-vous le chiffre de six millions?
  • Selon Avner Shalev, le directeur de Yad Vashem à Jérusalem, plus de 6 000 livres sont publiés chaque année sur l’Holocauste. Selon vous, pourquoi y a-t-il toujours autant de livres publiés sur le sujet? Comment la littérature, et les autres formes d’art, aide-t-elle les générations suivantes à compris ce qui s’est passé?

ACTION 7

Penser

La commémoration en tant que geste d’honneur

  • Quel projet pourriez-vous entreprendre pour aider à documenter le chiffre 6 000 000?
  • Imaginez que M. Chernofsky a ajouté une annexe à son livre afin d’offrir une biographie de chacun des six millions de Juifs à qui il rend hommage. Est-il possible de créer un document de six millions de pages? Le fait d’étudier la vie de l’une des six millions de victimes juives peut vous aider à rendre hommage à la personne qu’elle a été.

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