Le saviez-vous?
Triangles
Les Nazis identifiaient les personnes « indésirables » à l’aide de triangles. Les triangles inversés étaient une analogie renvoyant aux panneaux de signalisation routière. Différentes couleurs de triangle étaient utilisées pour indiquer pourquoi les personnes étaient considérées comme une menace par le régime nazi : les triangles rouges désignaient les prisonniers politiques; les roses désignaient les délinquants sexuels et les homosexuels, et les verts désignaient les criminels. Les triangles jaunes formant une Étoile de David (ou deux triangles jaunes combinés) étaient utilisés pour désigner les Juifs.
Dans les années 1970, les défenseurs des droits des gais ont récupéré le triangle rose pour en faire un symbole de protestation et de fierté. Dans l’esprit de cette récupération par les activistes, des artistes ont peint des triangles dans des couleurs différentes pour représenter la diversité, la solidarité et l’individualité. Ce processus comprenait le fait de créer, de découper et de peindre sur des pages du livre Night, version anglaise du livre, La Nuit. Des couleurs étaient choisies pour de grands canevas et ceux-ci étaient peints collectivement. Ces tableaux, par leurs couleurs et leur symbolisme, faisaient écho aux thèmes abordés dans les mémoires sur l’holocauste d’Elie Wiesel, Night. Chaque tableau contenait près de l’intégralité du texte, 96 pages sur 113, de Night. Les interprétations artistiques de Night ont été créées sur une période d’un an et ont culminé par une exposition organisée à l’université.
Ces jeunes et leurs enseignants devaient explorer la façon dont Night pouvait faire office de plateforme d’étude littéraire et historique, ainsi que de catalyseur pour le changement social. M. Wiesel (2005) lui-même a souligné que l’objectif de l’éducation sur l’Holocauste n’est pas de recevoir passivement les messages des survivants, mais plutôt d’encourager les lecteurs à devenir des messagers ou, pour paraphraser Paul Celan (2001), d’agir à titre de « témoins pour les témoins ».
L’exposition a été une réponse collective au témoignage de M. Wiesel sur ses expériences vécues dans les camps de concentration d’Auschwitz et de Buchenwald de 1944 à sa libération en 1945 à l’âge de 16 ans.
L’une des jeunes artistes a partagé sa vision du processus, et de la puissance symbolique et représentative des couleurs lors de l’exposition After Night :
« Après avoir lu Night et achevé le projet, les couleurs utilisées pour peindre les triangles ne sont plus que de simples couleurs. Le triangle que nous avons peint en bleu était très intéressant pour moi. Il montre différents niveaux de couleur (teintes) qui peuvent représenter plusieurs choses. Elles peuvent représenter le bien et le mal pendant l’Holocauste. Je les ai vues comme [un symbole] des différents côtés de l’Holocauste. Les différentes taches de couleur représentent les personnes touchées, ainsi que le fait que chaque personne a sa propre histoire, qu’il s’agisse d’une victime ou d’un bourreau.
Le choix des couleurs a été fait davantage en fonction de mes sentiments que des mes réflexions. Je pense que c’est la même chose pour les gens qui regardent l’exposition. Puisqu’il n’y a aucune description qui indique pourquoi nous avons choisi cette couleur ou ce que nous pensons qu’elle représente, c’est l’observateur qui doit déterminer ce que les couleurs signifient et, l’une des façons d’y arriver, c’est de les ressentir. » Comme l’a si bien dit Robert Fulford : « Faites confiance à l’Art, pas à l’artiste ».
Comme ce fut le cas pour les artistes, les élèves de niveau intermédiaire qui ont vu l’exposition After Night ont eu des réactions variées sur le plan émotif et personnel, et au niveau esthétique et historique.