Unité 4
Immigration, Migration, Réfugiés

Chapitre 3
L’immigration italienne et irlandaise

Unité 4
Immigration, Migration, Réfugiés

Chapitre 3
L’immigration italienne et irlandaise

Outils éducatifs

Demandez-vous :

  • Pendant la Seconde Guerre mondiale, les camps d’internement japonais étaient-ils les seuls établissements de ce genre au Canada?
  • Qu’ont vécu les immigrants italo-canadiens pendant la Seconde Guerre mondiale?
  • Les Italo-canadiens constituaient-ils une menace pour la démocratie canadienne?
  • Quelles difficultés les immigrants irlandais ont-ils rencontré et comment ont-ils été traités à leur arrivée au pays au 19e siècle?

Fuyant la pauvreté et la maladie, des milliers de réfugiés irlandais, pour la plupart des catholiques, ont fui leur patrie pour s’établir au Canada au XIXe siècle. Bien que l’expression « boat people » ait été d’abord popularisée relativement aux milliers de réfugiés fuyant le Vietnam à la fin des années 1970, de nombreux groupes d’immigrants avaient vécu des expériences similaires auparavant. Les plus anciens sont peut-être les Irlandais, qui sont arrivés au 19ème siècle. À la fin des années 1800 et au début des années 1900, de nombreux immigrants catholiques italiens ont également afflué au Canada, fuyant les difficultés économiques qui ont commencé à sévir dans les années 1860. Vous explorerez les conditions et les défis vécus par ces deux groupes au Canada.

Ceci s’est réellement produitned

Bien que catalogués comme ‘’indésirables’’ selon la politique d’immigration du Canada à la fin du 19e et au début du 20e siècle, des milliers de ressortissants italiens ont immigré au Canada pour profiter des réseaux familiaux et des pénuries de main-d’œuvre au pays. Les vagues d’immigration se sont produites entre 1870 et 1914, entre 1920 et 1930, entre 1950 et 1970. Les Italiens étaient considérés comme inaptes à s’établir sur les terres agricoles de la région des Prairies, ce qui constituait la principale politique d’immigration du gouvernement canadien à l’époque. Par conséquent, l’immigration italienne ne fut pas encouragée. Néanmoins, après la hausse des taxes imposée par le nouveau gouvernement italien unifié en 1870, plusieurs ont pris le risque de devenir ‘’indésirables’’ en immigrant au Canada. La demande de main-d’œuvre peu coûteuse dans des industries telles que les chemins de fer, la construction et la fabrication ont mené à l’immigration de plus de 600 000 Italiens entre 1910 et 1930.

Épicerie italien, Montréal 1914

Épicerie italien, Montréal 1914

Source : CCPI – Casa d’Italia

Les premiers immigrants italiens débarqués au Canada se sont principalement établis à Toronto et à Montréal, tandis que d’autres se sont rendus à Vancouver ainsi que dans différentes villes minières et industrielles du pays. La majorité d’entre eux travaillaient dans le domaine de la construction ou ses métiers connexes tandis que quelques-uns devenaient de petits entrepreneurs ou trouvaient un emploi dans des fermes de l’Ouest canadien et dans les vergers de la Colombie-Britannique. En raison de la nature des emplois offerts, comme la construction et la maintenance des chemins de fer ou le travail dans des sociétés minières, de nombreux jeunes hommes italiens sont donc arrivés comme travailleurs saisonniers. Ils se procuraient généralement un aller simple et étaient souvent attirés par des agents qui chargeaient des frais pour organiser leur transport et leur assurer l’obtention d’un emploi. Lorsque des agents proposaient un nombre d’emplois disponibles inférieur au nombre d’hommes débarqués d’Italie, certains migrants saisonniers n’étaient pas en mesure de rentrer chez eux en Italie et étaient contraints de demeurer au Canada.

Les travailleurs restés chez nous ont jeté les bases des communautés italiennes au Canada et dans les plus grandes villes. Ils ont constitué des enclaves ethniques connues sous le nom de « petites Italies ». Le phénomène migratoire s’est accru, lorsque les femmes et les enfants ont rejoint leurs maris et leurs pères au Canada. Ces enclaves italiennes se sont rapidement transformées en quartiers animés, vibrant au rythme de restaurants italiens, boutiques et autres commerces italiens.

La rue du Collège, Toronto, années 1950

La rue du Collège, Toronto, années 1950

Source : Archives de l’Université York

En 1930, l’économie canadienne connu un net ralentissement et le gouvernement imposa une réglementation stricte pour réduire le nombre d’immigrants potentiels. Durant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions en matière d’immigration ont été renforcées, particulièrement à l’encontre des pays ennemis comme l’Italie. En 1940, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre, environ 31 000 personnes étaient officiellement classées comme « sujets d’un pays ennemi » sur un total de 112 000 Italiens vivant au Canada. Des accusations officielles n’ont jamais été déposées devant les tribunaux, et ce, même si ces arrivants travaillaient avec diligence pour la construction de routes, de voies ferrées et d’entreprises au Canada. Le gouvernement canadien percevait les Italiens et d’autres « sujets d’un pays ennemi » comme représentant une menace pour la sécurité nationale, ce qui a conduit à leur persécution et à leur internement.

À la fin des années 1930, les fascistes avaient œuvré à la promotion de leur cause auprès des expatriés, conduisant notamment à l’émergence de sympathisants fascistes au sein des organisations italo-canadiennes. Cependant, peu d’entre eux étaient attachés à cette idéologie et la majorité des Italiens établis au Canada affichaient un patriotisme envers leur nouveau pays. La GRC surveillait déjà la communauté des immigrants italiens et dressait la liste des sympathisants fascistes lorsqu’en 1939, le Canada déclara la guerre à l’Allemagne. De nombreux Italo-canadiens furent scandalisés par l’alliance de Mussolini avec Hitler et, dans la foulée de la déclaration de guerre du Canada à l’Italie, le 10 juin 1940, la vie leur est immédiatement devenue difficile. À l’instar de la communauté canado-japonaise, la communauté italienne regroupait des jeunes hommes qui se sont enrôlés dans l’armée canadienne. En outre, les Italiens ont fait preuve de patriotisme en se procurant des obligations de la Victoire, en organisant des collectes de fonds pour la cause alliée, en construisant des jardins de la Victoire et par la récupération des objets en métal, du papier et d’autres matières recyclables par les écoliers pour assurer leur utilisation pendant la guerre.

Hitler et Mussolini, mai 1938

Hitler et Mussolini, mai 1938

Source : Musée du mémorial de l’Holocauste des États-Unis

La Loi sur les mesures de guerre a été appliquée en 1940, en invoquant que les Italo-canadiens âgés de plus de dix-huit ans, ainsi que ceux qui étaient devenus citoyens après le 1er septembre 1922, étaient déclarés « sujets d’un pays ennemi ». Des organisations considérées comme ayant une tendance fasciste étaient déclarées illégales et fermées. De son côté, la GRC a arrêté des Italo-canadiens qui figuraient sur leur liste de supposés partisans fascistes ou communistes. Des magasins et des entreprises appartenant à des Italo-canadiens ont été vandalisés, des enfants ont été intimidés et malmenés à l’école et plusieurs ont été victimes de violence verbale, d’ostracisme et de discrimination dans leur milieu de travail.

10 juin 1940 – Opération policière à la Casa D’Italia de Montréal, quelques heures après la déclaration de guerre à la Grande-Bretagne et à la France par l’Italie.

10 juin 1940 – Opération policière à la Casa D’Italia de Montréal, quelques heures après la déclaration de guerre à la Grande-Bretagne et à la France par l’Italie.

Source : Montréal Gazette

Près de 600 hommes ont été arrêtés et internés au Camp Petawawa (Ontario) ou au Camp Ripples (Nouveau-Brunswick) pendant des mois, voire des années, sans être inculpés ni condamnés pour quelque crime que ce soit. Le plus jeune Italo-canadien interné n’était âgé que de 16 ans. Quatre femmes ont également été détenues au pénitencier de Kingston. Les hommes incarcérés se sentaient impuissants, leur internement entraînant une perte de revenus pour leurs familles, lesquelles en ont terriblement souffert. Pour tous les Canadiens, la vie au pays durant la guerre était difficile. Pour les membres de la communauté italo-canadienne, cette situation était aggravée par la stigmatisation, l’absence de leadership communautaire et un sentiment de honte injustifié.

Artéfacts

Artéfact 1 ›

Le premier ministre Mackenzie King, 1940

Le premier ministre Mackenzie King, 1940

Source : The Toronto Star

Le ministre de la justice a autorisé la Gendarmerie royale du Canada à prendre des mesures pour interner tous les ressortissants d’origine italienne dont les activités laissent croire ou soupçonner qu’ils pourraient, en temps de guerre, compromettre la sécurité de l’État ou se livrer à des activités préjudiciables à la poursuite de la guerre […] Ce serait une grave erreur de sous-estimer la gravité de la nouvelle situation ainsi créée.

Le premier ministre William Lyon Mackenzie King
Allocution à la radio de Radio-Canada, le 10 juin 1940

Artéfact 2 ›

Certificat de naturalisation 1929

Certificat de naturalisation 1929

Source : http://www.italiancanadianww2.ca

Ettore Sanguiro est né en Italie le 25 mars 1881 et a émigré au Canada en 1923. Son épouse Luisa et leur fille de huit ans, Cesarina, l’ont rejoint sept ans plus tard. Leur deuxième fille, Rosemarie, est née en 1933 et ils habitaient à Hamilton. Le 10 juin 1940, Sanguiro fut arrêté alors qu’il dînait en famille. Trois agents de la GRC défoncèrent les trois portes de son domicile, à la grande stupeur de ses proches, en particulier de Rosemarie, alors âgée de sept ans seulement. Sanguiro a été brièvement détenu à Toronto, avant d’être envoyé au camp d’internement de Petawawa jusqu’à sa libération en 1942. Sa famille n’a pas été autorisée à le visiter une seule fois pendant ces quelques années.

Ce n’est qu’après la détention des internés que le gouvernement canadien a commencé à enquêter pour savoir dans quelle mesure ces hommes constituaient une menace pour la sécurité. Certains ont été relâchés quelques mois plus tard, d’autres sont demeurés en détention pendant des années. Même après leur libération, les internés ont souvent été victimes de discrimination sur le marché du travail ou dans les quartiers où ils habitaient auparavant. Certains ont pu reprendre une vie normale, mais ont néanmoins éprouvé un sentiment de culpabilité, de gêne et même de trahison par les membres de leur propre communauté. Certains ont choisi d’angliciser leurs noms ou de renier leurs racines culturelles. Toutefois, les changements intervenus dans la politique d’immigration d’après-guerre ont entraîné un afflux d’immigrants italiens après le conflit et, avec l’établissement dans des villes où des communautés italo-canadiennes s’étaient établies, les « petites Italies » de Toronto, Windsor et Winnipeg ont retrouvé leur vigueur d’antan.

Artéfact 3 ›

Photo of Eliseo Orlando and family 1930s

Photo d’Eliseo Orlando et de sa famille dans les années 1930s

Source : http://www.italiancanadianww2.ca

Eliseo Orlando était un tailleur ayant d’abord vécu sur la rue Queen à Toronto, puis dans la région de Beaches avec son épouse Maria et leurs trois enfants (la fille aînée est née en Italie, alors que les deux garçons ont vu le jour au Canada). Maria était une excellente couturière. Eliseo et ses deux fils, Italo et Roy Orlando, ont tous été arrêtés en 1940 et internés. Roy Orlando n’avait que 16 ans et serait le plus jeune Canadien italien à subir cette mesure. Les garçons ont été emmenés de l’école sans préavis et détenus dans l’enceinte du site de l’Exposition nationale canadienne dans la foulée d’arrestations massives. Maria a demandé à un ami, également désigné comme étant « sujet d’un pays ennemi », de leur apporter des chandails, leur livre de prières et leur chapelet.

Artéfact 4 ›

Regardez cette vidéo de l’Office national du film au sujet de l’internement des Italo-canadiens:
https://www.nfb.ca/film/barbed_wire_mandolins/

Artéfact 5 ›

Documentaire sur l’immigration italienne au Québec https://www.onf.ca/film/dimanche_damerique/

Les conséquences

Même si une communauté peut tourner la page, une telle histoire ne doit jamais être oubliée.

À la fin des années 1940, les Italiens ont été retirés de la liste des « sujets d’un pays ennemi », ce qui a provoqué la plus importante vague d’immigration italienne au Canada. Entre le début des années 1950 et le milieu des années 1960, environ 20 000 à 30 000 Italiens ont pris la route du Canada chaque année. Les réseaux familiaux étaient importants, puisque les membres de la famille déjà établis au Canada parrainaient les membres de leur famille restés au pays.

La petite Italie à Montréal 1955; Le marché Jean-Talon

La petite Italie à Montréal 1955; Le marché Jean-Talon

Source : Archives de la Ville de Montréal

Lorsque les immigrants ont débarqué au Canada, la plupart arrivant par bateau au Quai 21 à Halifax, en Nouvelle-Écosse, ils ont été accueillis par des agents d’immigration. Ils ont ensuite pris le train les conduisant à leur destination finale, s’établissant dans des endroits dont les climats et les paysages leur étaient inconnus. Outre la discrimination, les immigrants italiens ont subi un choc culturel et devaient composer avec une barrière linguistique. Les préjugés les plus répandus voulaient que les Italiens aient eu tendance à être violents et qu’ils pourraient saper le tissu moral de la société canadienne, en y introduisant le fascisme et le crime organisé au Canada. Les immigrants italiens, ainsi que d’autres groupes d’immigrés, ont été accusés d’enlever des emplois aux Canadiens. Ils furent également méprisés parce qu’ils vivaient dans des logements surpeuplés et insalubres.

Bien que les Italo-Canadiens subissent encore parfois une certaine forme de discrimination en raison des stéréotypes néfastes qui sévissaient au siècle dernier, ils sont aujourd’hui reconnus pour leurs valeurs familiales fortes et leur éthique professionnelle. Ils ont contribué de nombreuses manières à la vie nationale – sur les plans social, économique et culturel. Ils ont très bien réussi dans tous les domaines professionnels, les entreprises, la vie politique et plus encore. En Ontario, une de leurs contributions majeures fut au niveau de la réforme du travail et de la règlementation de la sécurité sur le lieu de travail. La communauté italo-canadienne florissante est aujourd’hui un élément important de la société canadienne.

ACTION 1

Penser

Une citation familière circulait selon laquelle: « Les rues n’étaient pas pavées d’or. Les rues n’étaient pas pavées du tout. Nous étions censés paver les rues. » (Source : *L’internement italo-canadien pendant la Seconde Guerre mondiale. Réparer les torts commis par le Canada. Page 26)

Bien que de nombreux Italo-canadiens aient subi des injustices et aient souvent été perçus comme étant des citoyens de deuxième classe, ils sont demeurés ici. Après avoir pris connaissance de leurs difficultés financières en Italie et de ce qu’ils ont dû subir après leur arrivée au Canada, réfléchissez aux raisons qui ont fait en sorte qu’ils ont décidé de demeurer au pays.

Faire

En tant qu’Italo-canadien, écrivez dans votre journal au sujet de votre expérience en tant que nouveau Canadien dans la période des années 1939-1945, ainsi que les justifications de votre décision de rester dans ce pays.

ACTION 2

Discuter

Et, à l’instar des immigrants en provenance d’autres pays européens, les Italiens « se sont établis dans un pays où les attitudes et les comportements racistes à l’égard de nombreux groupes étaient monnaie courante et socialement acceptés. »
(Source : *L’internement italo-canadien pendant la Seconde Guerre mondiale. Réparer les torts commis par le Canada. Page 44)

En petit groupe, discutez des points suivants : Compte tenu des difficultés rencontrées par les Italo-Canadiens, pensez-vous que, si vous étiez confronté à la même discrimination, vous choisiriez de demeurer au Canada? Exposez votre raisonnement au sein de votre groupe et faites-en part dans le cadre d’une discussion en classe.

ACTION 3

Faire

Quelques années après les excuses officielles présentées par le Canada à la communauté canado-japonaise en 1988, le Premier ministre Brian Mulroney a présenté ses excuses dans une déclaration. Celle-ci n’a toutefois pas été considérée comme étant « officielle », puisque sa déclaration a été effectuée à l’extérieur de l’enceinte parlementaire. Les internés et leurs familles n’ont jamais bénéficié d’une compensation financière, bien que le gouvernement ait accordé une aide financière à des programmes offerts dans les musées, les monuments commémoratifs, des publications et d’autres activités d’information portant sur l’expérience d’internement des Italo-canadiens. Cette reconnaissance est-elle suffisante? La communauté italo-canadienne est toujours divisée au sujet de la nécessité de mener le combat pour obtenir des excuses officielles et des réparations. Certains souhaitent simplement tourner la page.

Ces excuses ont contribué au fait que les Italo-canadiens ont pardonné à leur pays d’adoption. Selon vous, quelles actions devraient être prises par le Canada pour présenter des excuses appropriées aux Italiens incarcérés durant cette période?

Réponse en groupe : Dans un groupe de quatre à cinq personnes, créez un document contenant la déclaration et la question ci-dessus rédigées tout en haut. Lorsque le document se retrouve entre vos mains, écrivez votre réponse. Vous devez choisir d’être d’accord ou non avec la déclaration, puis d’expliquer ce que le Canada devrait faire pour agir correctement en réponse à cet épisode douloureux de notre histoire.

ACTION 4

Faire

La Loi sur les mesures de guerre était une législation fédérale adoptée par le parlement canadien le 22 août 1914, après le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Elle conférait des pouvoirs étendus au gouvernement canadien pour maintenir la sécurité et l’ordre pendant la guerre ou l’insurrection. Dans la controverse, elle a été utilisée pour suspendre les libertés civiles de personnes au Canada considérées comme des « sujets d’un pays ennemi » durant les deux conflits mondiaux, ce qui a entrainé des arrestations massives et la détention sans motif d’accusation ou sans procès.

Consultez la Loi sur les mesures de guerre en visitant le site:
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/loi-sur-les-mesures-de-guerre

Identifiez des faits, des actions et des conséquences de la Loi et justifiez votre opinion sur le sujet. N’hésitez pas à consulter d’autres sites, pour approfondir vos connaissances sur l’histoire de l’immigration canadienne après la Première Guerre mondiale.

Divisez ensuite la classe en deux groupes et organisez un débat, en défendant l’une des positions suivantes:

A) En accord avec le Canada au sujet de l’application de la Loi sur les mesures de guerre

B) En opposition avec le Canada au sujet de l’application de la Loi sur les mesures de guerre

ACTION 5

Faire

Le Musée canadien de l’immigration du Quai 21, situé à Halifax, en Nouvelle-Écosse, est une institution consacrée à l’expérience des immigrants dans l’histoire du Canada. Des photos, des films et des contenus captivants racontent l’expérience de l’immigration pour un grand nombre de ressortissants du monde entier. Plusieurs d’entre eux sont d’abord arrivés au pays par le Quai 21. (Entre 1928 et 1971, ce fut le point d’entrée pour un Canadien sur cinq.) En mettant l’emphase sur l’expérience italienne, trouvez des images et des mots qui vous parlent et préparez un collage illustrant leur expérience. Ceux-ci peuvent être affichés dans le couloir de votre classe ou de votre école.

Accéder aux médias de ce site (et n’hésitez pas à consulter d’autres sites) :
https://pier21.ca/research/pier21/historic-pier-21

Ressources additionnelles

* Italian Canadian Internment in the Second World War. (Righting Canada’s Wrongs) [L’internement italo-canadien pendant la Seconde Guerre mondiale. (Réparer les torts commis par le Canada.)]. Pamela Hickman et Jean Smith Cavalluzzo. Toronto, Ontario : James Lorimer 2012 – Le livre contient des facsimilés de lettres émouvantes (toujours censurées) envoyées par des membres de leur famille aux hommes internés dans les camps.
La Petite Italie de Montréal : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/la-petite-italie-de-montreal
Et http://casaditalia.org/fr/
Les Italo-canadiens comme étrangers ennemis. http://www.italiancanadianww2.ca – regardez des vidéos

Sources :

https://umanitoba.ca/cm/vol19/no16/italiancanadianinternmentinthesecondworldwarrightingcanadaswrongs.html
https://quai21.ca/malles-culturelles/italie/histoire
http://www.italiancanadianww2.ca/fr/villa/home

L’immigration irlandaise au 19e siècle

Ceci s’est réellement produit

La Grande Famine (aussi appelée La Famine irlandaise)

L’Irlande, pays largement catholique, était contrôlée par la Grande-Bretagne depuis 1801 et faisait partie du Royaume-Uni. À l’exception de la population de six comtés (qui composent maintenant l’Irlande du Nord), la plupart des Irlandais catholiques vivaient dans des petites fermes que leur louaient des propriétaires majoritairement Anglais. On pourrait penser que la Révolution industrielle en Grande-Bretagne les avait ignorés.

Toutefois, même si les catholiques avaient fait l’objet d’une discrimination systématique, de lents progrès pour les intégrer commençaient à être réalisés. Au début du XIXe siècle, la relative prospérité des campagnes, avec un climat clément permettait à une lopin de terre de nourrir correctement une famille. De fait, la population qui en 1801 se situait entre 4 et 5 millions d’habitants passa à 9 millions quarante ans plus tard. Les Irlandais pratiquaient essentiellement la culture de la pomme de terre – tubercule nourrissant et ne nécessitant que peu d’espace pour être cultivé.

Entre 1845 et 1852, la prolifération d’un parasite venu de l’Europe de l’Ouest, alliée à l’humidité du climat, provoqua une forte chute de la production de pommes de terre, de l’ordre de 40 %, et entraîna une famine de grande ampleur. Les décès par anémie, malnutrition et sous-nutrition engendrèrent une épidémie considérable de choléra, touchant les plus faibles et les plus démunis.

S’il n’existe pas de décompte officiel du nombre de décès entre 1846 et 1851, diverses estimations récentes évaluent à un million le nombre total de victimes. La famine perdura jusqu’en 1851, mais eut des répercussions pendant encore plus longtemps, sur la démographie de l’Irlande. Aux morts de la famine, il faut en effet ajouter près de deux millions de réfugiés, et autant d’émigrants. Ainsi, la population de l’Irlande a diminué dramatiquement, passant d’environ 8 millions de personnes en 1841 à 2 millions en 1860.

Fait ironique, pendant les années de famine, l’Irlande exportait toujours de grandes quantités de produits alimentaires vers la Grande-Bretagne, tandis que les fermiers irlandais faisaient faillite et étaient expulsés de leurs petites fermes. Un poème rédigé par Jane Francesca Elgee, auteure bien connue et mère du célèbre dramaturge Oscar Wilde, résume bien la situation. Ce poème a été publié en 1846 dans le journal The Nation.

Hommes las, que cueillez-vous? Du blé d’or pour l’étranger.
Que semez-vous? Des corps humains dans l’attente du vengeur.
Qu’apercevez-vous donc au large, êtres chétifs et affamés?
De beaux vaisseaux pour emporter nos vivres sous les rires moqueurs.
(Continuation en anglais – il n’existe pas de traduction :
There’s a proud array of soldiers—what do they round your door?
They guard our master’s granaries from the thin hands of the poor.
Pale mothers, wherefore weeping? ‘Would to God that we were dead—
Our children swoon before us, and we cannot give them bread.)

Poème par Jane Francesca Elgee, la mère de Oscar Wilde

L’Irlande et le romantisme  par Patrick Rafroidi, Septentrion publié en 1972
La littérature anglo-irlandaise de 1789 à 1850 et sa place dans le mouvement occidental

Crédit anglais : Duffy, Sir Charles Gavan (1888), Four Years of Irish History 1845–1849, Cassell, Petter, Galpin & Co

Émigrants quittant l'Irlande, gravure de Henry Doyle (1827–1893)

Émigrants quittant l’Irlande, gravure de Henry Doyle (1827–1893), tiré du livre de Mary Frances Cusack intitulé Illustrated History of Ireland, 1868.

Bon nombre des « Irlandais affamés » ont émigré en Amérique du Nord, mais leur décision de quitter leur terre natale n’a pas mis fin à leurs difficultés. Parmi les centaines de milliers de personnes qui ont immigré en Amérique du Nord, plusieurs sont mortes pendant leur voyage. Affaiblies par la faim, elles ont succombé à la maladie, comme le choléra. Au Québec, les personnes soupçonnées d’avoir le choléra ou d’autres maladies furent placées en quarantaine à la Grosse-Île, une île au milieu du fleuve Saint-Laurent. Le tableau suivant vous donne une idée des maladies en fonction des arrivées à la Grosse-Île de 1825 à 1847.

Source : http://www.irishfamine.ca/

Diseases

ImmigrantsAdmis à l’hôpitalNombre de décèsCholéraFièvre et dysenterieVarioleAutre
425 49014 5333 9342904 648722726

http://bit.ly/grandefamineirlandaise

Quelque 20 000 personnes auraient succombé au typhus dans des navires, surnommés « cercueils flottants », durant la traversée de l’Atlantique.

ACTION 6

Penser

Classez les données

Parmi les artéfacts et témoignages suivants, lequel lequel vous emeut le plus? Utilisez l’échelle suivante pour établir votre classement.

Artéfacts

Artéfact 1 ›

Les paysans irlandais sont arrivés en Amérique du Nord dans des navires surpeuplés et insalubres surnommés « cercueils flottants ». Robert Whyte, un passager de cabine, parle des conditions horrifiantes qui existaient sur le pont inférieur du navire. « En passant près de l’écoutille principale, j’ai été témoin d’une des pires atrocités possible. Étendue dans l’une des couchettes supérieures, une pauvre patiente se mourait… Elle était malade depuis près de trois semaines et avait grandement souffert jusqu’à ce que l’enflure s’empare d’elle, d’abord dans ses pieds pour ensuite se propager jusqu’à sa tête. Son mari affligé est resté à ses côtés, tenant dans ses mains une « bougie bénie » en attendant le départ de son esprit. »

Artéfact 2 ›

Les navires battant pavillon de la maladie étaient forcés d’accoster à la station de quarantaine de la Grosse-Île, île située dans le fleuve Saint-Laurent en aval de la ville de Québec. Pour de nombreux immigrants irlandais, cette île a représenté leur seul point de contact avec leur nouvelle nation. En 1847, 50 personnes par jour sont mortes de typhus à la Grosse-Île. Dr George Douglas, le médecin responsable, a érigé une plaque pour marquer le site d’une fosse collective : « Dans ce lieu retiré, repose les restes de 5 425 personnes qui, fuyant les épidémies et la famine, n’ont rien trouvé d’autre qu’une tombe. » 

Artéfact 3 ›

« L’année 1847 passera aux annales de notre histoire comme celle de l’émigration. Près de 100 000 âmes malheureuses ont quitté l’Irlande pour tenter leur chance sur les rives du fleuve Saint-Laurent. Pour aggraver leur misère, la fièvre les a décimés en mer, dans les stations de quarantaine, et dans les villages, les villes et les campagnes de colonies de l’Amérique du Nord britannique. » La Minerve, 3 janvier 1848 (cité dans Canada: A Peoples’ History, vol. 1 D. Gillmore et P. Turgeon (CBC 2000 p.  249)

« Nous étions à une certaine distance de l’île, qui nous paraissait extrêmement belle de loin. Toutefois, cette beauté naturelle était déformée par l’horrible souffrance humaine qu’elle contenait–des créatures vulnérables transportées par des marins par-dessus les rochers en route vers l’hôpital, des navires arrivant avec des patients–dont certains sont morts pendant leur transport. Une autre atrocité encore plus terrible résidait dans la file interminable de navires, chacun transportant sa cargaison de morts vers leur lieu de sépulture et formant une procession funéraire interminable. » Idem p. 248

Artéfact 4 ›

Environ 30 % des Irlandais qui fuyaient la famine étaient protestants. Parmi eux, on retrouvait John et Mary Willis et leurs cinq enfants. De Limerick, dans l’ouest de l’Irlande, ils ont pris la mer sur le Jesse. Or, un de leurs fils était malade et a dû rester au pays. Pendant leur trajet de 56 jours sur l’Atlantique, 26 passagers ont succombé aux horribles conditions, y compris leur fils de 18 ans et Martha, leur fille de 10 ans. Ils ont été placés en quarantaine sur la Grosse-Île pendant 13 jours, où Mary Ann Willis, leur fille de 17 ans, est décédée. Les trois derniers membres de la famille ont été autorisés à quitter et mis le cap sur Québec, avant de se rendre à Toronto. Mais la tragédie n’était pas terminée. Le mari et le dernier fils de Mary ont  ultimement succombé à la fièvre à Brantford, en Ontario. Mary était seule, et nous avons appris qu’elle a logé avec une famille locale. C’est ici que se terminent les dossiers historiques.

Plaque commémorative à la mémoire des victimes de la Famine de la pomme de terre

Plaque commémorative à la mémoire des victimes de la Famine de la pomme de terre

Crédit photo : Bryan Wright

Sculpture à la mémoire des victimes de la Famine de la pomme de terre, à Dublin, en Irlande

Sculpture à la mémoire des victimes de la Famine de la pomme de terre, à Dublin, en Irlande

Crédit photo : Bryan Wright

Entre les mois de mai et octobre 1847, plus de 38 000 émigrants fuyant la famine irlandaise sont arrivés à Toronto à un moment où la ville comptait seulement 20 000 personnes. Le secteur riverain de Toronto a été témoin de l’une des pires tragédies humaines de l’histoire de la ville. Pourtant, contrairement aux décennies ultérieures, il y a eu peu de résistance anti-catholique. La ville largement protestante, sous l’impulsion de la communauté catholique torontoise, a fait ce qu’elle pouvait pour aider les réfugiés.

ACTION 7

Chercher

S’agissait-il d’un génocide?

Certains prétendent que la Grande Famine irlandaise était une forme de génocide. Effectuez un projet de recherche pour déterminer dans quelle mesure cette affirmation est véridique. Examinez l’unité Deux de Parlez et agissez, qui porte sur le génocide.

ACTION 8

Chercher

Jetez un coup d’œil

Regardez  une vidéo qui nous présente La Grosse-Île et le Mémorial-des-Irlandais qui fut de 1832 à 1937 l’île où les immigrants devaient demeurer en quarantaine avant d’entrer au Canada. Vous pouvez visionner la bande-annonce de 2 minutes à http://bit.ly/memorialdesirlandais

Dans les Minutes du patrimoine de Historica Canada, la première série illustre les malheurs des orphelins catholiques de la Grande Famine irlandaise adoptés par des familles du Québec.

ACTION 9

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Arrêtez et réfléchissez

Comment vous sentiriez-vous si un taux de chômage élevé dans votre pays natal vous obligeait à quittervos parents et amis pour aller travailler à l’étranger?

Comment allez-vous traiter les nouveaux immigrants que vous rencontrerez à l’école, dans une équipe sportive ou au travail? Allez-vous accueillir chaleureusement les nouveaux étudiants et les inviter à venir prendre un café ou le lunch avec vous et vos amis?

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