Unité 4
Immigration, Migration, Réfugiés

Chapitre 2
Les Boat People vietnamiens

Unité 4
Immigration, Migration, Réfugiés

Chapitre 2
Les Boat People vietnamiens

Outils éducatifs

Questions clés :

  • Comment les réfugiés de la mer ont-ils été traités au Canada?
  • Avons-nous tiré une leçon de l’histoire ou l’avons-nous répétée?

Quatre décennies après le périple du St. Louis, de milliers de réfugiés, en majorité Vietnamiens, ont fui les horreurs de la guerre au Vietnam, au Laos et au Cambodge et demandé l’asile au Canada.

Réfugié de la mer vietnamien - James Nguyen

Réfugié de la mer vietnamien – James Nguyen

Voici les faits

Facteur d’incitation

Le Vietnam est l’un des nombreux pays d’Asie et d’Afrique qui ont lutté pour leur indépendance après la Deuxième Guerre mondiale. Comme la Corée, ce pays était communiste au nord et non-communiste au sud. Après plusieurs décennies de guerres contre les Français et les Américains, le Nord victorieux a conquis l’ensemble du pays.

Bon nombre d’habitants du Sud-Vietnam, ainsi que certains habitants des pays avoisinants, le Laos et le Cambodge, ont fui, craignant les représailles des Nord-Vietnamiens et de leurs alliés. Entre 1975 et 1976, le Canada a accueilli 5 608 immigrants vietnamiens. À la fin des années 1970, le gouvernement communiste a intensifié sa campagne visant à punir les Sud-Vietnamiens en les envoyant dans des camps de travail ou en les soumettant à d’autres formes d’emprisonnement. Durant cette période, le nombre de personnes voulant fuir le pays a monté en flèche, si bien que des milliers de réfugiés ont utilisé des bateaux à cette fin. Ces bateaux étaient souvent vieux et de conception très rudimentaire. Il y avait également, parmi ces groupes, bon nombre de personnes d’origine chinoise forcées de quitter le pays.

La carte du Vietnam.
Carte du Vietnam.
Des réfugiés vietnamiens à moitié nus, principalement des garçons, sont assis sur le sol après avoir été secourus.

Des réfugiés vietnamiens à moitié nus, principalement des garçons, sont assis sur le sol après avoir été secourus.

Crédit : Photo du domaine public

En haute mer, les réfugiés ont subi des tempêtes mortelles, la famine, les maladies et de cruelles attaques de pirates. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, de 200 000 à 400 000 réfugiés ont trouvé la mort en mer. [6] Selon d’autres estimations, de 10 à 70 pour cent des 1 à 2 millions de réfugiés de la mer sont morts pendant leur périple.

Le Canada est l’un des nombreux pays à qui on a demandé de l’aide. Bon nombre de Canadiens, dont certains étaient arrivés au pays plusieurs décennies auparavant comme immigrants ou réfugiés, voulaient parrainer les familles de réfugiés. Ils désiraient ainsi fournir aux nouveaux arrivants de la nourriture, des vêtements et un logement jusqu’à ce qu’ils puissent voler de leurs propres ailes.

Or, de nombreux autres Canadiens s’opposaient à l’idée d’offrir de l’aide aux réfugiés. Certains craignaient que le Canada ne puisse pas accueillir un nombre aussi élevé de réfugiés et affirmaient que si nous le faisions, nous nous retrouverions avec des centaines de milliers de personnes qui dépendraient des fonds publics pendant de nombreuses générations. Certains des opposants avaient peur que l’admission des réfugiés cause un « déséquilibre racial ». À l’époque, le Canada connaissait des difficultés économiques, et le gouvernement Trudeau venait tout juste de subir une défaite électorale aux mains du Parti progressiste-conservateur de Joe Clark.

Donc, comment le gouvernement allait-il agir en l’absence de consensus?

Au même moment, les historiens Irving Abella et Harold Troper s’affairaient à rédiger un récit du traitement des Juifs au Canada pendant la période nazie de 1933 à 1945. Ressentant de l’empathie pour les réfugiés vietnamiens à la lumière de leurs recherches sur les réfugiés juifs qui s’étaient vu refuser l’accès au Canada et aux États-Unis, ils ont compilé l’ensemble de leurs travaux et ont fait parvenir le manuscrit au bureau de Ron Atkey, ministre de l’Emploi et de l’Immigration à Ottawa. Lorsque le ministre a lu ce qui allait devenir le succès de librairie None Is Too Many, il a constaté les parallèles avec la crise des réfugiés des années 1930 et convaincu le gouvernement de prendre une décision.

Le gouvernement a décidé que le nombre de réfugiés de la mer admis devrait être déterminé en fonction du soutien du public. En juillet 1979, il a présenté une formule de jumelage en vertu de laquelle le gouvernement parrainerait un réfugié pour chaque personne parrainée par des intérêts privés. Cette expérience s’est avérée couronnée de succès : en plus du quota original de 8 000 réfugiés, 42 000 autres personnes (21 000 parrainées par des intérêts privés et 21 000 par le gouvernement) sont arrivées au Canada sur une période de deux ans. Le Congrès Juif Canadien et l’Archidiocèse catholique de Toronto sont deux des groupes religieux qui ont parrainé des centaines de familles pour atteindre l’objectif de parrainage en quatre moins à peine.

D’autres réfugiés de l’Asie du Sud-est sont venus au pays pendant les années 1980, mais en plus petits nombres. Ils devaient apprendre l’anglais ou le français et se sont installés dans les grandes villes du pays, ainsi que dans des localités qui accueillaient ainsi leurs premiers immigrants vietnamiens.

Compte tenu du fait qu’ils sont arrivés au pays pendant une récession économique, vous vous demandez peut-être comment ils se sont débrouillés?

L’HISTOIRE DE KIM PHUC

Voici une histoire :

Kim Phuc et sa famille habitaient dans le village de Trang Bang, Sud-Vietnam. En juin 1972, les Nord-Vietnamiens ont attaqué et envahi leur village.  Kim Phuc, qui avait 9 ans, s’est jointe à un groupe de civils et de soldats sud-vietnamiens qui s’enfuyaient. Mais du ciel, les pilotes l’ont prise pour une Nord-Vietnamienne. Un pilote des forces armées du Sud-Vietnam a donc bombardé le groupe. Ce bombardement a tué les cousins de Kim Phuc et deux autres villageois. Ayant subi des brûlures graves, Kim a déchiré ses vêtements enflammés.

Artéfact

Kim Phuc, une jeune vietnamienne âgée de neuf ans, a fui son village bombardé ; elle a déchiré ses vêtements brûlants.

Kim Phuc, une jeune vietnamienne âgée de neuf ans, a fui son village bombardé ; elle a déchiré ses vêtements brûlants.

Crédit : Nick Ut. Associated Press

Une des photos (pas celle-ci) est devenue célèbre dans le monde entier à titre d’illustration des horreurs de la guerre.

Pourquoi cette photo n’a-t-elle pas été incluse ici?

Lors d’une entrevue plusieurs années après, Kim a dit qu’elle criait Nóng quá, nóng quá (« trop chaud, trop chaud ») dans la photo. Initialement, les rédacteurs du New York Times hésitaient à publier la photo à cause de la nudité, mais ils l’ont par la suite autorisée.

Kim Phuc et les autres enfants blessés ont été transportés vers un hôpital de Saigon. Personne ne croyait qu’elle survivrait, mais un an plus tard, après une douzaine d’opérations, elle a pu rentrer chez elle. Après être retournée à l’école et, plus tard, avoir étudié la médecine, Kim a été utilisée comme outil de propagande par le gouvernement vietnamien. Elle a eu l’autorisation de poursuivre ses études à Cuba, autre pays communiste, où elle a rencontré un autre étudiant vietnamien avec qui elle s’est mariée.

En route vers Moscou pour leur lune de miel, l’avion a fait escale à l’aéroport de Gander, Terre-Neuve, afin de se réapprovisionner en carburant. Voyant une occasion inouïe, le couple a quitté l’avion et demandé l’asile politique au Canada, qui le lui a accordé. Le couple vit maintenant à Ajax, en Ontario, près de Toronto, et a deux enfants. En 1996, Kim a rencontré les chirurgiens qui lui ont sauvé la vie. L’année suivante, elle a réussi le Test de la citoyenneté canadienne avec un pointage parfait et est devenue citoyenne canadienne.

Toujours en 1997, elle a créé la première Kim Phuc Foundation aux États-Unis dans le but de fournir de l’aide médicale et psychologique aux enfants victimes de guerre. Plus tard, d’autres fondations portant le même nom ont été établies sous la tutelle de la Kim Phuc Foundation International, organisation qui chapeaute toutes les autres.

ACTION 1

Chercher

Recherche

1. Pouvez-vous trouver d’autres exemples de réfugiés vietnamiens qui ont à la fois tiré parti de leur venue au Canada et contribué à l’évolution de notre pays?

2. Il y a d’autres renseignements sur Kim Phuc, dont un documentaire, un livre et de la musique. Dans Google, cherchez « the girl in the picture » (la fille dans la photo) et découvrez-les.

3. Il y a trois récits portant sur d’autres réfugiés vietnamiens dans le cadre de la série d’histoires de Passage Canada, initiative créée par Historica Canada et co-parrainée par les secteurs public et privé qui relate le passage d’immigrants au Canada. Allez à http://passagestocanada.com/fr/ et rendez-vous à la section Archives des témoignages. Cherchez Pays d’origine > Vietnam, pour voir l’histoire de Kim Phuc et trois autres réfugiés vietnamiens.

Outils éducatifs

Autres chapitres sur Immigration :